Là où apparaît Claude-Georges Lermourtier

Liège février 1871, la nuit tombe rapidement en cette saison. Un vent froid souffle du nord. Les berges de la Meuse sont désertes. Quelques péniches amarrées se laissent mollement bercées par le courant. Certaine laissent échapper un léger panache d’une fumée blanche montant vers le ciel ou alors quelques éclats de rire lâché par des mariniers. C’est une nuit noire et sans lune qui règne ce soir, seul une faible clarté dissipait par de rares lampadaires ou projetait par l’embrasure des péniche éclairent cette scène.

Claude-Géorges, avance le font courbé, emmitouflé dans sont lourd et chaud manteau. Sa silhouette semble voûtée, ce n’est pas seulement pour offrir moins de prise au vent froid qui sévit, c’est essentiellement une courbure causée par le poids des soucis qui le rongent. Voilà déjà quelques semaines qu’il réside dans un modeste meublé dans les faubourgs de Liège. Les berges de la Meuse représentent une promenade agréable et éloignée des rencontres inopportunes. Il recherche le calme et la solitude. Il est perdu dans ses pensées, repense à sa belle éloignée, à ses récent revers.

Soudain, un bruit de verre brisé déchire la nuit, il est suivit par un long cri. La voix semble provenir d’une femme. Le calme revient, il est aussitôt troublé par un second cri et le son de lourde semelle frappant le sol. Une cavalcade commence, parfois entrecoupé de déchirant appel au secours lancé par une voix famine. Le tumulte se rapproche de Claude Géorges Lermoutier.

Toujours courbé, je tends Claude-Georges tend l'oreille.
Prêt à comprendre ce qu'il se passe. Il cherche autour de lui un endroit pour se faire discret et voir quelles sont les causes de ce chahut.

Si besoin est, il saura réagir à temps .
Mais Ce cri de femme qu'il a entendu..
Il ne lui rappelle rien. Ce n'est pas quelqu'un qu'il connait. Peut-être une bougresse avec un amant quelconque.
Peut-être pas..
Peut-être est-ce une femme qui aurait besoin d'aide. Peut-être pas..

Tout en se posant nombres de questions, il tente de percer la nuit du regard pour voir l'origine de ces cris et de ces bruits..

Claude George se dissimule derrière un arbre épais se trouvant sur le bas coté du chemin de hallage. L’ombre du feuillage et l’obscurité lui fournissent un poste d’observation sur. Aucun regard indiscret ne peut déceler de sa présence, si il garde le silence.

Les pas se rapprochent. Claude George peut d’abord observer une tache claire qui se détache de la pénombre. La forme se précise. Il s’agit d’une femme apparemment jeune. Elle est vêtu d’habit claire et court à perdre haleine et sans se retourner. Malgré la brièveté de la scène Claude George ne sembla pas connaître cette inconnue.

Dans les secondes suivantes apparaissent 2 hommes vêtus de noirs et coiffé d’un petit bonnet de la même couleur. Dans la main du premier, un jet de lumière envoyé par un lampadaire fait brillé un éclat métallique. Il semble armé d’une matraque. Le suivant porte des cordes.

La jeune femme et ses poursuivant passe devant Claude George sans le voir. La malheureuse trébuche sur une pierre traîtresse cachée sur le chemin. Elle pousse un cri de terreur qui en réponse reçoit des onomatopées de joie proférées par ses poursuivant qui se jettent sur elle.

Encore assailli par les questionnements que lui procuraient la situation, Claude Georges ne se posent plus de questions lorsque la femme se retrouve au sol et que les deux malfrats se ruent sur elle.
Prenant son courage à deux mains, Je me jette dans la rue...

-"Messieurs?!
Que faites vous là?!!!
Veuillez cesser tout de suite ces agissements, faute de quoi je me verrais dans l'obligation d'agir!"

Conscient que l'attention va être attirée sur lui, Claude George Gonfle le thorax, comme les coqs de combats, et fait mine de se préparer à l'affrontement..
Il sait qu'il n'est pas courageux et qu'il n'aime pas se battre ,mais voir cette femme en danger lui fait remonter de tristes souvenirs!
Pas question de perdre ce combat!
Pour son honneur et celui de cette femme, il se tient prêt!

L’apparition soudaine de Claude Georges perturbe les malfrats. L’espace d’un instant ils détournent leur action de la jeune fille, et fixent l'importun. Elle profite de cette interruption pour se relever et reprendre sa course et se perdre dans la nuit.

Les deux hommes font face à Claude Georges, l’un est plutôt petit et d’aspect bedonnant, il tient une sorte de petite matraque. L’autre semble plus élancé, et il équipé d’une longue corde dont le bout semble lesté. Il fait tournoyé sont arme improvisée. Puis ils s’avancent l’air menaçant en direction de l’intrus qui se trouvent à quelques pas d’eux

« - Mais dis donc le bourgeois, c’est t’i pas que tu nous cherch’rais des noises !
- Y’s mêle de c’qui l’ r’garde pas !
- On lui a pas dis qu’la curiosité et’un v’lain défaut !
- affaires privées, all’r zou dégage !! »

Voyant la femme partir, Claude George ne se sent pas peu fier...
Mais désormais faire face à ces deux sales canailles ne plus se préoccuper que de lui, là il revenait sur terre..
On peut être un petit héros, mais qui vient nous sauver dans ce cas?

Il pensa alors que la jeune femme n'allait pas avoir pris assez de distance pour le moment..
Il fallait contenir ses brigands, les retenir encore un peu...

Tout en tentant de garder un air assez hautain, il répondit aux deux hommes en face de lui:
Veuillez me pardonner cette intrusion dans cette histoire.
Il y aurait fort à parier que je n'y ai pas ma place.

L'air un peu moins fier voyant que ces paroles en plus de prendre du temps énervent les voyous.
Et Bien messieurs je vais donc m'en aller de ce pas.
Mais j'aimerais être sur que vous ne nuisiez à personne d'autre ce soir..

à lui même :
Qu'est-ce qu'il ma pris de me mettre dans une telle situation?!

Les deux malfrats se regardent, puis éclatent d’un rire sonore. Le grand dit à son compagnon
« C’lui la tu l’ fait danser, j’m’occupe de la donzelle »

Ces paroles prononcées, il se désintéresse de Claude George, et s’enfonce à son tour dans la nuit à la recherche de la jeune fille. Elle a complètement disparue, on n’entend même plus le bruit de ses chaussures sur le chemin. Le silence règne de nouveau. Un chien hurle à la nuit. Le petit ventru et sa matraque se rapprochent, il la lève et commence à invectiver son adversaire.

« Alors mon coco, on’a v’lut jouer les h’éros, vient m’voire j’vais t’jouer un’ berceus’ »

Voyant le vilain s'approcher, et supposant la femme échappée, Claude Georges n'a guère de raisons de s'attarder en cet endroit..
Regardant l'homme une dernière fois et prenant de la hauteur dans sa voix:

Je n'ai guère de temps à m'occuper de vous!
Veuillez cesser ces enfantillages!
Vous avez oser vous en prendre à une jeune femme! Soyez heureux que je ne veuille pas vous en faire découdre!

Pour lui même : Evidemment il n'y entend goutte..
Et bien soit ,si je ne puis faire autrement, advienne que pourra!

Si il ose s'approcher , Claude Georges prendra sa canne pour se défendre, et se tiendra prêt pour un combattre.

L’homme semble interrogatif vis-à-vis de son adversaire. Celui-ci ne lui montrant pas ses talons et lui étant fatigué par toute cette diplomatie, il prend une décision. Il se rue d’une manière vigoureuse et désordonnée mais dénuée de grâce sur le malheureux Claude George.

Il se précipite tête baissée, la matraque en avant sur l’obstacle en jurant. « Sacrebleu, tu vas dégarpir s’tané curieux ! »

Jugeant la situation quelques peu désagrébale, Claude George se ravise soudain.

La fille n'est plus en danger il me semble, l'autre ne va pas tarder à revenir. En revanche, en ce qui me concerne, je dois dire que je ne suis guère placé à mon avantage!
Combattre ainsi, dans une ruelle sombre alors qu'il n'y a plus aucun raison à ce combat est stupide! je dois partir!

Tentant d'intimider une dernière fois son adversaire du bout de sa canne en faisant un vague mouvement de poignet, Claude Georges se retourne et court à toutes jambes..
Il ne cherchera pas à se stopper tant qu'il n'aura pas trouvé un endroit calme où souffler.

L’homme s’arrête dans sa course. Il se redresse, pose ses mains sur sa taille, observe la fuite de son adversaire et lance accompagné d’un éclat de rire sonore et sinistre « ‘l a gr’nd aire l’héros, mais ‘l n’en a pas l’ chanson ! »

Claude George court à toutes jambes quelques instant sans se retourner. Mais très vite le silence et le calme reviennent. L’obscurité reprend ses droits, la scène n’est plus perturbée que par le hurlement de quelques chiens dérangés par le vacarme causé par l’altercation.

Il semble désormais en sécurité, tout danger est éloigné, les malfrats n’ont pas engagé de poursuite.

Claude Georges s'asseoit.
Dépité, au bord des larmes. Mais en Gentilhomme digne de ce nom il ne pleurera pas.
Encore une fois , il a fait preuve de demi-courage!
Il a peut-être pu sauver cette femme, mais il ne l'a nullement protégée sur le long terme!
Qui est-elle? Que lui voulaient ces malotrus? Où est-elle partie? Est-elle en sécurité? Pourquoi n'arrivé-je pas à me battre en de pareilles circonstances? Je sais jouer de l'épée, mais pas me battre?

Claude Georges entendant des bruits de pas au loin se redresse, même si ce ne sont que de vagues errants, il ne veut plus faire de rencontre pour cette soirée.
Autant retourner dans son petit meubler.
Cette Chambre n'est pas vraiment un palace, mais on y est mieux qu'à ne rien faire ailleurs.
Il pourra se remettre de ce qui n'aurait dû qu'être une promenade.

Marchant il se dit qu'il avait peut-être croisé l'aventure sans s'en rendre compte...
Puisse un verre de Peket lui faire du bien..

Les bruits de pas se font plus rapprochés et plus clairement entendre, mais il ne ressemble pas au pas lourds d’hommes chaussés de gros brodequin mais plus tôt au martèlement léger d’un pas féminin. Claude George poursuit sa route et au détour d’un coin de rue il est littéralement renversé par une énergique jeune femme qui se jette à son coup en criant. « A mon sauveur, mille merci, noble gentilhomme »

Puis se rendant compte de l’incongruité de la scène, la jeune fille se reprend, s’éloigne légèrement puis toute rougissante, elle s’exclame : "Au pardon, Monsieur je vous prie d’excuser ma conduite, mais je souhaite vous témoigner toute ma gratitude pour l’aide que vous venez de m’apporter. »

Un peu gêné..
Et bien madame, sachez que vos remerciements m'ont suffit!
En effet, je n'ai guère fait mieux que les distraires quelques instants.
Après un léger silence il se reprend.

Pardonnez madame, j'en oublie les bonnes manières.
Je me nomme Claude-Georges Lermoutier.
Ravi d'avoir pu vous aider.
Puis-je demander à qui ai-je l'honneur?

La femme poursuivie ressemble plus à une jeune fille. Elle possède un joli visage qu’éclaire deux grands yeux verts pétillants. Elle est vêtue d’une longue cape beige clair, sa tête est recouverte d’une capuche qui laisse s’échapper quelques longs cheveux roux légèrement ondulés.

Ho bien sure je me nomme de Castillan, Eloise de Castillan, monsieur serais ce abuser de vous que d’osez vous demander aide et protection. Je suis seule dans cette ville inconnue, des malandrins ont déjà tenté de blesser ma dignité et je crains qu’ils récidivent, pouvez vous me raccompagner jusqu'à mon hôtel ?

Se grattant la tête l'air quelque peu embarassé...
pensant alors : "Si j'accepte de l'escorter ne risqué-je pas des soucis à mon tour?
Qui est cette femme pour se risquer ainsi à se promener de nuit?
De toute façon je ne puis la laisser seule plus longtemps. Et c'est sans doute en l'escortant que j'en apprendrais plus sur elle."

Puis pour Eloise.
Et bien je ne puis vous laisser seule ainsi mademoiselle. Vous savoir en danger alors que j'aurais pu vous aider ne serait-ce un peu me semblerait intolérable..
Alors allons y ensemble..
Puis un peu gêné...
Que pensez vous de se tenir le bras?
Les gens se poseront peut-être moins de questions quant à notre présence dehors à cette heure..

Puis souriant un peu, l'air plus embarrassé qu'autre chose, Claude Georges lui présente son bras

Avec plaisir, mon hôtel se trouve a peu de distance, et je dois dire que votre présence me rassure.

Répond la jeune fille en tendant son bras à son cavalier. Claude George aperçoit furtivement son visage. Il se colore de rouge. Mais il ne peut en déterminer l’origine. Est-ce le froid ou l’émotion ?

Le vent se remet à souffler. Le temps se couvre, une fine pluie se met à tomber. Eloise rajuste sa capuche, celle si lui masque désormais entièrement le visage. La jeune fille et Claude George se dirigent doucement vers le lieu de résidence de la demoiselle. Peu à peu ils quittent les berges de la Meuse et se dirige vers le centre ville. Un silence gêné s’installe.

Il est seulement troublé par le couinement d’un fiacre. La voiture avance doucement. Elle semble vide et son cocher est en maraude à la recherche d’éventuel client.

D'un coup d'oeil Claude-Georges évalue son chauffeur ,ce dernier n'ayant pas l'air louche, Claude-Georges propose à Eloise de monter à son bord:

Nous irons plus vite ainsi et cela nous évitera d'errer au travers des rues..
Ne sachant toujours pas ce qui a entraîner ces hommes à vous agresser, je préfère éviter que cela ne se reproduise...

Après avoir fait signe au fiacre de s'arrêter , après lui avoir indiquer la direction à prendre, Claude Georges aide Eloise à monter , toujours un peu gêné de se trouver auprès d'une femme..
Puis il monte à son tour.
S'asseyant en face d'elle, il lui dit: "ça y est ,nous devrions arriver sains et saufs.."

Oui et en plus nous seront au sec et au chaud

La jeune fille semble profondément gênée par la situation. Elle découvre enfin son visage en rabaissant sa capuche. Elle tente par tout les moyen d’éviter le regard de Claude Georges. Il peut cependant se rendre compte qu’elle n’est pas seulement embarrassé par la situation. Elle a l’aire profondément inquiète.

La voiture démarre doucement et se rend à l’adresse que lui a indiqué Eloise. A part quelques cahots qui ballottent les passager le voyage se déroulent sans problème.

Alors arrivés à son hôtel Claude Georges se sent plus à l'aise..
Enfin débarassé de cette situation gênante..
Bien qu'il eut envie de connaitre les raisons des déboires d'Eloise, il devait bien reconnaitre que celle-ci n'avait pas semblée motivée pour parler...
Il lacha tout de même une question qui lui mordait les lêvres lorsque le
fiacre s'arrêta:

"Est-ce que ça ira maintenant; ou aurez vous encore besoin de ma présence à vos côtés? Si je puis encore vous être utile, je resterais, sinon je rentrerais."

La voyant toujours aussi peu enclin à lui parler, Claude Georges la précéda pour descendre , puis l'aida à son tour avant de l'accompagner à l'entrée de l'hôtel..
Là il attendait la réponse d'Eloise,tout en pensant:
"Dira-t-elle oui? Dira-t-elle non? Le oui serait le signe qu'elle craint que quelque chose ne se passe , le nom montrera qu'elle sera rassurée..
Encore que cela puisse ne pas être tel que je l'imagine.
Pourquoi suis-je toujours à .."
Elle Allait parler..

Claude-Georges pensait à ce qu'il devait répondre : Moi?! Pourquoi me suis-je embarqué dans cette affaire?
Je ne saurais guère la protéger..
Comment refuser pourtant ,elle ne semble guère pouvoir assurer sa propre sécurité . Pourquoi serait-elle en situation de risque?
Bon et bien j'en apprendrais plus si je continue de la cotoyer.
Après tout , la suivre dans la journée ne devrais pas être chose risquée..
Pourtant...

puis, pour Eloise, un peu plus motivé que jusqu'alors Et bien soit.
Je pourrais être là dès demain.
Pourrai-je en apprendre plus sur la raison pour laquelle ces malandrins vous cherchaient querelle?

Je ne sais quelles raisons les ont poussé à agir ainsi et je ne vois rien dans mes affaires de choses qui pourraient les intéresser. Peut être est ce tout simplement des rôdeurs à la recherche d’une proie facile. Je vous suis très reconnaissante de bien vouloir m’accompagner demain. Ce rendez vous est très important et mon père compte sur moi.

Sur ces dernières paroles elle s’apprête à entrer dans l’hôtel. La rue est déserte, le cochet après avoir encaissé son dû remet son véhicule en route. Le vent se fait plus vif, la pluie tombe maintenant avec une ardeur sans cesse renouvelée. Un groom se précipite à sa rencontre, il tient dans sa main a parapluie destinée à abriter la jeune fille. Un second se tient prêt à lui ouvrir la porte.

Claude Georges ne veut pas aller plus loin.
Déjà cette demoiselle venait de lui rouvrir une plaie au coeur. Celle ci ne s'est pas encore effacée ,et voir une si charmante personne à ses côtés durant quelques instants, une personne le remerciant de sa bravoure en plus..
Comment demander plus?!
Il lui fait un signe d'au revoir accompagné d'un sourire triste, puis lorsqu'elle est rentrée en sécurité , il se retourne, prêt à affronter de nouveau la marche qui le sépare de son meublé..

En marche il pense à cette demoiselle, à ce qu'elle peut bien faire pour son père...
Il pense à celle qu'il aimait, à sa famille..
Pour un peu, s'il n'était pas un homme, des larmes couleraient..
Très vite se ressaisir. Penser à ses comptes..
Ses finances sont bien basses. Devra-t-il retourner chez ses parents? Pourra-t-il encore vivre comme il le fait?
Toutes ces questions l'assaillait tandis qu'il marchait dans les rues De Liège. La ville n'étant pas grande il arriverait bientôt et ses pensées cesseraient de le tourmenter.
Un bon verre de Pecket devrait lui permettre d'aller mieux..

Claude Georges marche seul dans la nuit. La Pluie redouble de violence. Il presse le pas et quitte assez rapidement le centre ville. Il est trempée jusqu’aux os. Arrivé dans les faubourgs de la ville, il presse son pas.

A proximité de son logement, il aperçoit de la lumière et des chants qui s’échappent de la salle d’un bar.