Là où apparaît Claude-Georges Lermourtier

Claude-Georges n'ayant rien à se reprocher continue d'avancer pour se rendre chez lui. Etant pressé de prendre son carnet d'adresse pour retrouver les noms de toutes ses éventuelles connaissances succeptibles de pouvoir financer le projet..

D'un pas assez rapide pour ne pas trop prendre froid, il arrive donc près de l'agent consulaire et de la concierge.

Bonjour Monsieur , Bonjour Madame.
Vous m'excuserait , mais aujourd'hui je n'ai guère le temps de parler, avec le temps qu'il fait je n'aimerais guère tomber malade.

Entrant dans la Bâtisse où se trouve son meublé, il laisse derrière lui deux personnes étonnées..
Il monte les escaliers quatre à quatre en se disant : Je n'ai que quatre jours..Non pas que ça ne soit pas réalisable,mais il va me falloir la jouer fine. Et si j'y parviens, et que je entrepris vient à bout, je serais alors peut-être digne de rentrer en France...

Il n'a pas le temps de finir de penser que déjà il est arrivé devant la porte de son meublé, sortant sa clé il remarque qu'un bout de papier a été glissé sous sa porte..
Il le prend, le met dans sa poche et se hâte de récupérer son carnet, oublié dans le tiroir de son bureau..
Il le feuillette rapidement, et se retourne, referme la porte et descends les escaliers aussi vite qu'il était monté.
Repassant devant la concierge et l'agent consulaire, il leur dit:

"Bonne journée monsieur , bonne journée madame..."Il tente alors de continuer son chemin, mais fidèle à lui même, il se retrouve assailli par les doutes..
Et si c'est pour moi qu'il est venu, peut-être doute-t-on de moi?
Et si la concierge me dénonçait pour des activités que je n'ai pas commise?
Non! je dois rester et savoir ce qu'il en est.
Oui! Mais tu viens de leur dire que tu étais pressé.Il va te falloir trouver un prétexte..
Oui! Mais s'il te voit mentir, il risque de se poser des questions..
STOP!!

Revenant donc sur ses pas, il retourne vers la discussion ..

Pardonnez mon intrusion dans votre conversation, mais Monsieur Dabancourt cela faisait déjà quelques jours que je ne vous avez pas vu dans le quartier, comment vous portez vous? J'aurais aimé vous demander les nouvelles de France . Je n'ai guère eu le temps de me tenir au courant récemment...

Le retour en arrière de Claude Georges surprend un peu les deux interlocuteurs. Ce n’est pas que Claude Georges leur parle. L’agent du consulat semble même plutôt ravie de cette occasion. C’est juste qu’ils semblent un peu gêné d’avoir été pris par surprise en pleine conversation. La concierge bafouille légèrement. L’agent consulaire reprend rapidement ses esprits et répond d’un ton enjoué :

"Mais très certainement monsieur Lermoutier. Cela va bien malgré le froid enfin c’est l’hiver. L’éloignement de la mère patrie n’est jamais agréable et c’est là mon rôle que de soutenir et d’informer mes concitoyens. C’est avec plaisir que je répondrais à vos questions, j’ai moi-même très envie de bavardé avec vous . Allons donc prendre un verre dans ce charmant établissement qui se trouve à proximité de votre domicile. »

En disant cela il ramasse sa canne et son chapeau, salut la concierge et désigne la petite taverne proche du domicile de Claude George, celle où se trouvait tout à l’heure Tibérius. Puis après donné une petit claque amicale dans le dos de Claude George il prends d’un pas joyeux le chemin de la taverne tout en essayant d’égayer Claude George avec quelques plaisanterie parfois douteuse et souvent un peu leste.

Claude-Georges regrette déjà de s'être arrêté. Non pas parce son interlocuteur le dérange, mais plutôt parce qu'il se sent pressé par le temps pour montrer à Eloïse , puis donc son père, puis les banques et tout ceux qui s'y connaissent qu'il n'est pas la tare des Lermoutier!
Parler avec cet homme ne servira tout au plus qu'à lui éviter de potentiels soucis...
Une fois assis et après avoir commandé un café , il ose enfin demander en souriant d'un air complice : "J'espère que vous ne parliez pas de moi tout de même..."

« Ho monsieur Lermoutier ou allez vous cherchez cela » répond il avec un large sourire,
« il vraie que les affaires de mes concitoyens en exil m’intéresse dés fois que le gouvernement ou moi-même pouvons l’aider. A mon tour de vous posez une question comment se porte vos affaires et en temps que Banquier j’aimerais avoir votre opinion sur l’une de ses officines, que pensez vous de la NEB, je trouve que pour une banque étrangère elle sollicite beaucoup nos concitoyens . »

Serait-il au courant?
Me met-il à l'épreuve?
Serait-il ami avec quelqu'un de cette banque et chargé de s'occuper de mon cas?
Comment vais-je aider Eloïse et son père si l'on s'intéresse de trop près à moi?

Claude Georges, arrête de t'angoisser!

Devenu blême en un instant, Claude Georges calme ses esprits tout en buvant une gorgée de café..
Il retrouve une voix posée pour dire:
Et bien d'un point de vue de banquier, cette banque ne semble rien avoir à se rapprocher.
Il fait un vague sourire complice pour marquer le mot banquier..
Auriez vous eu des plaintes à leur égard de la part de mes compatriotes?

Dabancourt jette un coup d’œil autour de la salle. Autours de la table quelques consommateurs jouent aux cartes. Parmi eux se trouve toujours Tibérius. L’ambiance commence à être enfumé. Une serveuse aux formes généreuses commence à apporter sur les tables de grands plats fumants. Cette nourriture simple et chaude est rapidement avalée par les consommateurs. Puis l’agent consulaire répond à Claude Georges.

« Je n’ai aucune plainte à leur sujet c’est d’ailleurs ce qui m’étonne. Généralement les deux corps contre lesquels on peste le plus ce sont les banquiers et les policiers. Par contre cette banque sollicite beaucoup l’ambassade pour des demandes divers et variées. Et j’aime bien entendre parler des gens avec qui je traite. Et vous comment se porte vos affaires ? Vous vous intéressez à quels domaines déjà ? Puis en faisant un clin d’œil complice vous n’auriez pas de bonne affaire à me conseillez ? Vous savez je peux être intermédiaire puissant !"

En disant cela il bombe légèrement le torse se qui peut laissez penser qu’il exagère un tantinet sa puissance.

Claude-Georges, toujours heureux de parler de sa passion se met à expliquer à son interlocuteur les investissements les plus intéressants du moment d'après lui..
Il lui parle de l'acier, du fer, des entreprises travaillant sur les machines à gaz, les fabricants d'armes et les marchands d'étoffes..
Il prend soin de dire à peu près tout ce qui lui vient à l'esprit, puis revient, pour terminer sa diatribe, sur les intérêts de miser sur les productions d'acier, et les usines travaillant sur ce matériau.

Cela lui prend bien plus de 10 minutes, entre les questions que lui posent Dabancourt, la pipe et le café..

Si bien qu'à la fin Claude-Georges reprend un peu le cours de ses pensées ,et revient très vite à sa préoccupation première: aider Eloise et son père à mener leur projet à bien..
Il reprend donc la discussion en demandant à Dabancourt s'il connait des personnes désireuses d'investir dans un projet fou, mais pouvant ramener gros s'il est mené à bien...
"Cher Ami, j'ai actuellement une amie qui se trouve être la fille d'un grand inventeur de génie. Ils ont un projet grandiose et novateur qu'ils aimeraient mener à bien. Hélas, l'ampleur de ce projet effraye banquiers et investisseurs. Mais j'ose croire que leur but est réalisable..
Je n'ose imaginer le prestige qui en découlerait pour les fous qui auraient osé investir dans cette affaire.
J'ai promis à cette amie de trouver des investisseurs. C'est pourquoi je me permet de vous demander, s'il se trouve parmis vos connaissances des gens prêts à placer leur argent dans cette oeuvre.."

Durant l’exposé de Claude Georges l’agent consulaire a sorti un petit carnet de cuir noir et a pris quelques notes. Quand le banquier a commencé à abordé le sujet de la nouvelle invention, Dabancourt a cessé de noter. Il prend délicatement sa tasse, la porte à ses lèvres, en respire le fumet puis à petites gorgées il en vide la moitié. Il la repose, prend un air amusé quelques instant puis demande :

« J’ai effectivement quelques amis prêt à investir, mais de là à leur faire prendre des risques inconsidérés il existe une certaine marge. Qui est cet inventeur de génie. Vous savez de nous jours les génies ce n’est pas ce qui manque, les asiles en sont plein. »

Claude Georges hésite un instant avant de répondre, se triture les doigts..
Tirant une bouffée de sa pipe, il reprend la discussion, comme s'il ne s'était pas arrêté..

Cette personne s'appelle Monsieur De Castillan.
Il a inventé une machine qui fera le tour du monde en 80 jours!
Souriant comme s'il parlait à un enfant, il poursuit:
Je sais bien que cela peut sembler fou, mais je leur accorde toute ma confiance.
A ce titre , j'aimerais les aider, en réunissant le plus de personnes prêtes à financer ce projet..
Si vous trouvez ces personnes, qui si elles sont nombreuses auront moins à investir personellement, nous pourrions ainsi organiser un diner chez Monsieur de Castillan pour qu'il vous présente de long en large ce qu'il en est.

L’agent consulaire esquisse une petite grimace. Il semble se brûler avec son café. Il repose sa tasse avec précipitation et reprend son petit carnet. Il prend en note la déclaration de Claude Georges

"J’ai entendu parler de lui et de son frère, de mauvais patriote mais de bons savants à ce qu’il se dit. Vous les connaissez bien ?

Il marque un temps d’arrêt puis se reprend. Il semble avoir définitivement perdu son ton un peu léger pour s’adresser au banquier d’une voix grave et posé. Le sujet semble l’avoir troublé.

Ainsi d’après vous les De Castillan seraient à liège à le recherche d’investisseur. Vous moquez vous monsieur? leur projet semblait sur le point d’aboutir. Et d’après, vous ils n’auraient point le sous pour le financer. Cela serait plutôt hasardeux comme démarche. Vous ont-ils mandaté pour rechercher des fonds ? Vous ont-ils laissé un dossier ?

Claude Georges Blémit..
Puis il tente de se reprendre, perdu malgré tout.

"Je suis confus, car je me dois de vous dire ce qu'il en est je pense. J'ai décidé d'aider cette famille avant tout pour une raison, leur trouver un investisseur pour prouver à la NEB qu'elle n'est pas honnête dans ce qu'elle propose à ses clients! J'ai pu voir les contrats, et même si cette entreprise dans laquelle se lance les De Castillan est risquée , je savais que si la NEB s'y intéresse c'est qu'elle a une chance d'aboutir!
De plus je trouve cette aventure dans laquelle ils se lancent follement audacieuse!
Mais si vous ne pouvez m'aider à leur permettre d'avancer dans leur recherche je ferais appel à des investisseurs de ma connaissance qui, eux, ne manqueront pas alors de s'enrichir.."

Claude Georges avait parlé d'une traite, cherchant à convaincre ,tout en laissant l'impression que non.. Il tentait gros en perdant ainsi son temps, mais s'il parvenait à user de ses capacités pour convaincre son interlocuteur, son temps aura été bien utilisé!

"Votre angélisme fais plaisir à voire. Vous n’imaginer pas ce que représente cette banque. " Lâcha-t-il avec un grands éclats de rire, puis se ressaisissant :

"concernant votre affaire elle dépasse mes capacités d’investissement, je préfère les petits placements mais qui rapportent à coup sure par contre j’ai un ami qui pourrait être intéressé."

L’explication de Claude Georges semble l’avoir troublé. Il regarde nerveusement sa montre plusieurs fois puis il fouille dans la poche intérieure de sa veste à la recherche de son portefeuille. Il en ressort une carte de visite qu’il remet à Claude Georges.

"Tenez voici ma carte, elle devrait vous permettre de rencontrer mon ami. "

Il réfléchit quelques instants puis se reprend non attendez je vais faire mieux. Il sort de sa sacoche une feuille à l’entête de consulat et commence à écrire quelques mots d’introduction à l’attention de l’attaché culturelle principale de l’ambassade de France en Belgique puis il la remet au banquier.

"Présentez vous à l’ambassade de France à Bruxelles et demander Monsieur de Morgon, il vous recevra."

Puis rassemblant ces affaires il se prépare à partir. « Bonne journée Monsieur Lermourtier et j’espère à bientôt »

Claude-Georges est assez fier de lui sur cette affaire.
Il se rend à un bureau de poste pour faire envoyer des messages à ses anciens partenaires financiers sur lesquels il pense pouvoir compter.
Il contacte ainsi Hubert Cartignole, son ami assureur, ainsi qu'un banquier du nom d'Alphonse Astragan.
Il les prie de contacter leurs amis succeptibles d'investir dans un affaire risquée mais pouvant rapporter.

Puis une fois ceci fait, il cherche un moyen rapide de se rendre à Bruxelles .Que ce soit par le train, ou la route, il veut s'y rendre rapidement, car il n'a que peu de temps..

Chaque fois qu'il se retrouve dans les rues de Liège, il tourne la tête souvent en direction des gens de petites fortunes, de crainte de recontrer les malandrins vus il y a peu..
Il fume sa pipe tout en marchant assez rapidement..
"Si j'arrive à mener cette affaire à bien, je pense que j'en deviendrais connu à nouveau! Cette Famille sera heureuse et je pourrais alors devenir leur conseiller financier. En revanche pourquoi est-ce qu'ils seraient de mauvais citoyen français? Si j'aide des anarchistes, cela pourrait me nuire.. Bon je ne dois pas m'inquiéter et leur en parler lorsque je les retrouverais.
pour le moment , me rendre à L'ambassade."

Ces télégrammes envoyé Claude Georges se rend à la gare centrale. La gare de Liège est toute récente. Il y règne une grande activité. Claude Georges est un peu bousculé par la foule bigarrée. Des employés de la société de chemin fer poussent de petit chariot emplis de bagages. De belles dames au jolies robes tentes d’éviter de se salir dans ce lieu qui allie le prestige du marbre, la froideur de l’acier et la poussière de charbon. Porté des vêtements blancs dans un tel lieu est un exploit que seule les serveurs de la brasserie de la gare parviennent à accomplir. De nombreuses personnes se pressent aux guichets. Le hall d’attente est aussi encombré de nombreux passagers. Claude Georges grâce à son observation attentive de la foule repère l’homme inconnu au fort accent germanique parlant avec Tiberius se matin dans les salons de l’hôtel. Il semble pressé de prendre un train en direction de Cologne. Au détour d’une des nombreuses colonnes d’aciers qui soutiennent le toi de se nouveau temple dédié au dieu charbon Claude Georges est pris d’une soudaine crise d’angoisse. Il vient de reconnaître l’un des brigands de la veille ; Mais après un examen attentif il se rend compte de sa méprise. L’homme semble porté le même costume mais il ne semblait pas faire partir des deux agresseurs. L’homme lui adresse par ailleurs un salut courtois. L’ensemble de la gare raisonne de 4 lourds coup de gong. L’horloge de la gare marque ainsi le début de la quatrième heures de l’après midi.

Un panneau d’information lui apprend que le prochain voyage pour la capitale du plat pays est prévu pour 7 heures du soir, il s’agit du train de la nuit. C’est un direct qui couvre en quelques heures la petite centaine de kilomètres qui sépare les deux villes. Le train est le moyen de transport le plus rapide et le plus économique. Le voyages coûtes en premières classe 5 francs or et l’arrivé est prévu avant minuit.

A cotés de la gare se trouve une société de louage qui propose la location d’automotives avec chauffeurs pour un prix exorbitant. Il faut compter 50 francs or pour le voyages envisagés. C’est un mode de transport chère mais relativement souple et surtout rapide. Il faut envisager 4 heures pour arriver à destination. Pour moins de 5 francs il peut aussi loué un cheval. Mais à ce train là il ne faut pas compter arrivé avant 10 bonnes heures et encore en chevauchant toute la nuit.

En dernier recour il peut se tourner vers la malle poste qui assure régulièrement le service entre liège et bruxelles. Le voyages ne lui coûtera que quelques sous mais il est lent, le voyage prendra bien 12 bonnes heures et extrêmement inconfortable. Par contre son départ est prévu pour quatre heures et demie.

Vraiment ennuyé tout d'un coup de se trouver face à un pays qui n'est pas le sien et surtout, où ses connaissances sont limitées, Claude-Georges se fraie un Chemin jusqu'aux guichets afin de se renseigner sur les disponibilités des Hôtels proches de la gare Centrale de Bruxelles.
S'il s'en trouve un disponible sur les environs de minuit, il s'y rendra. Le peu de possession qu'il prendra avec lui ne pèseront pas lourd et donc il sera plus aisé pour lui de voyager.

Claude-Georges continue d'observer la foule un instant tout en étant perdu dans ses pensées.
Croiser quelqu'un qu'il connait lui semble impossible et cela le désole. Il pense à ses amis français, ceux avec qui il se sentait si bien avant de perdre toute sa vie..
Désormais il n'avait plus que des connaissances françaises et quelques unes belges. Si seulement sa vie pouvait tourner...
Perdu dans ses pensées, au milieu d'une foule sans cesse plus pressée, Claude-Georges achète un ticket pour le train et laisse ses pas le guider vers les quais, toujours à se demander ce qu'il pourrait faire désormais..
Sortant un petit Carnet de notes, il sort les dernière cartes de visites qui lui ont été remises et ils s'adosse contre un mur en attendant que le train arrive. Il note les remarques qu'il a fait concernant les propriétaires des cartes afin de toujours savoir à qui il a à faire..
Ainsi il tente de se vider les pensées , tout en restant vaguement attentif au monde qui l'entoure...

Le passage au guichet se fait rapidement. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire Claude Georges obtient satisfaction un billet avec un aller simple pour Bruxelles en première classe par le train du soir. Le préposé se charge aussi d’envoyer un télégramme de réservation pour une nuit dans un hôtel à proximité de la gare. Normalement une voiture devrait l’attendre à la gare.

Cette tache effectuée il reste au jeune banquier trois bonnes heures avant son départ. Il met rapidement à jour son carnet d’adresse avec les commentaires adéquats.

Il reprend son observation du hall de la gare. L’activité de cette vaste fourmilière humaine ne c’est pas relâché. Une voix métallique invite l’ensemble des passagers pour Cologne à gagner leur place. La connaissance de Tiberius quitte le salon d’attente afin de prendre son train. Son départ est immédiatement suivi par celui d’un homme qui fait apparemment des efforts pour adopter une posture le plus naturelle possible. Le pauvre homme à encore des efforts à fournir.

L’autre homme celui qui ressemblait au malandrins de la veille est toujours présent dans la gare il maintenant attablé à une table de la brasserie de la gare et déguste une bière fraîche en lisant son journal. Les minutes s’écoulent paisiblement.

[Sauf si tu souhaites engager la conversation avec quelqu’un où quitter momentanément la gare, tu peux directement avancer de trois heures et prendre place dans ton wagon.]

Claude-Georges observe rapidement l'homme à la démarche étrange avant de se dire qu'il vaut mieux ne pas s'intéresser de trop près aux affaires de ceux ne nous le demandant pas..
Il regarde de façon fugitive l'homme ressemblant aux malandrins et décide de préférer à nouveau ne pas se risquer à quoi que ce soit...
Il observe ainsi durant quelques minutes les gens passant devant lui, puis après un duel de pensées contre lui même, il parvient à trouver le courage nécessaire pour aller s'asseoir à un table du bar et à commander un café.
Mais avant il achète un journal à un enfant en vendant non loin de la gare, puis il se rend au bar, la tête basse pour bourrer sa pipe , le journal sous le bras.
Arrivé à une table libre, il lève la tête pour commander un café liégeois et il se met à lire les dernières nouvelles..

L’actualité est particulièrement calme mis a part les éternelles rodomontades de Bismark à l’encontre des canons Verne français c’est le calme plat dans l’actualité. Les immenses canons braqués sur Berlin semble être une menace inadmissible pour le belliqueux chancelier Prussien. Il dénonce sans cesse cette terrible menace dirigé à l’encontre de la très pacifique Prusse selon ces dire. D’après lui l’arrogance française recevra un de ses jours une réponse adéquate.
L’autre sujet qui passionne les lecteurs sont les nouvelles de la prochaine course autour du monde qui s’annonce. Un troisième homme vient de quitter Londres avec la ferme attention de se rendre à Paris et de prendre le départ. Il s’agit d’un membre du Reform’s club sir Phileas Fog. Le Départ est prévus d’ici 5 jours à Paris après le Bal organisé par le Maréchal Mac Mahon.

Les trois heures passent puis une voix métallique annonce le prochain départ de l’expresse en direction de Bruxelles. " Les Voyageurs à destination de Bruxelles sont prié de se rendre quai n°3"

Claude-Georges garde son journal sous le bras, et ayant rangé sa pipe, se rend au Quai Numéro 3.
Voyant le train , il se rend compte que dans toute la splendeur de son être, il avait oublié ses Bagages..
Pensant à Vive Allure, il se demande s'il serait possible d'aller les chercher ou de les faire venir.Mais il doit se rendre à l'évidence lorsqu'il voit les gens se presser pour rentrer dans les Wagons...

Abattu et ennuyé à l'idée qu'il n'est vraiment pas fait pour l'aventure, il monte dans le Wagon, sans prêter attention aux gens qui l'entourent..

Si quelqu'un cherche à lier conversation, il répondra, sinon il se reposera tout au long du trajet..

Alors qu’il avance vers le quai Claude Georges toujours attentif au monde qui l’entoure aperçoit l’homme ressemblant au malandrin. Ce dernier avance aussi en direction du quai n°3. Il monte lui aussi dans le train mais dans une autre voiture, de troisième classe elle.

Claude George prend place dans sa voiture de première classe. C’est une voiture fermée et divisé en petite cabine. L’intérieur est en acajou. Les banquettes sont confortables et recouverte d’une feutrine couleur ivoire. La cabine est faiblement éclairée par deux petit bec de gaz disposé au-dessus de la porte d’entrée.

Claude George ne reste pas seul dans son compartiment il est vite rejoint par la présence d’un prêtre et d’une dame d’un certain age habillé avec élégance et une petite fille. Tout ce petit monde après s’être salué s’installe confortablement. Le prêtre sort sa bible et en commence une lecture à voix basse. La dame élégante tire un peu les rideaux, penche sa tête sur le coté est commence à somnoler. La jeune fille âgés d’une dizaine d’années laisse son regard se promener dans le compartiment à la recherche d’une espièglerie quelconque.

Un coup de sifflet donne le signal du départ. Un bruit sourd et métallique se fait entendre. Le train se met doucement en branle. Il gagne peu à peu de la vitesse. Rapidement Claude George voit par la fenêtre les lumière de liège s’éloigner.

Claude Georges observe l'espace d'un instant ses voisins , puis se disant qu'il n'y avait pas là grand monde à qui parler, il regarde vaguement le paysage qu'il peut appercevoir par moments au travers de la fenêtre..

La petite fille voyant le prêtre se met à regarder d'un oeil amusé sa soutane , puis le gros rosaire en bois pendant à sa ceinture. Elle semble intéressé par cet homme..
Claude georges la regarde un instant, puis voit l'abbé tourner la tête vers la jeune fille.. Il lui sourit , et celle ci rougit, comme surprise de voir cet homme se tourner vers elle alors qu'elle l'observait..
Elle se retourne vers la vieille femme..
L'abbé observe Claude Georges d'un rapide coup d'oeil, et lui sourit ..

Claude Georges lui renvoit le sourire, et se dit d'une façon certaine qu'il ne se passerait rien de bien plus exaltant..
Il laisse le bruit du Wagon ainsi que les respirations de ses voisins le bercer tout doucement vers le sommeil ..

Effectivement il ne se passe rien de plus exaltant. Le train fonce à bonne vitesse à travers la campagne et la nuit noire. Le tacatac régulier de la machine berce Claude George qui plonge dans un profond sommeil interrompus seulement quelques instant par le passage du contrôleur.

Après quelques heures de voyage le jeune banquier arrive à destination. Le crissement des freins le réveil. Le train entre en gare dans un grand fracas. La foule des voyageurs se pressent. Avec empressement ils rassemblent leurs affaires. Les compagnons de voyages de Claude Georges lui adresse un dernier salut et quitte le compartiment.

Claude George se retrouve sur le quai. La gare semble se préparer à fermer, quelques familles sont venus accueillir les passagers. Après de bref embrassades tous le monde se presse vers la sortie. En quelques minutes les quais se sont vidés, les agents de la compagnie de chemin de fer presse les derniers retardataires vers l’extérieurs. Lorsque tout le monde à quitté la gare ils abaissent un lourd rideau de fer.

Devant la gare les derniers véhicules quittent le parvis. Claude George se retrouve presque seul. Un sergent de ville fait sa ronde dans le quartier il avance d’un pas nonchalant en faisant tournoyer sa matraque tout en sifflotant un air à la mode.

L’homme à l’aspect louche est aussi présent sur le parvis. Il se roule une cigarette, puis semble chercher du feu. N’en trouvant pas il se rapproche de Claude George et s’adresse à lui dans un français impeccable mais à l’accent fortement populaire et parisien : « excusez moi m’sieur z’auriez pas du feu par hasard » tout en lui présentant le bout de sa cigarette.

Au même moment le bruit d’un fiacre arrivant à bride à battu se fait entendre. D’ailleurs il ne tarde pas à apparaître. Il s’agit d’un véhicule de louage qui semble disponible. Il se positionne à quelques pas de Claude George.

Claude Georges , mal à l'aise face à l'homme à la Cigarette, le regarde d'un air assez surpris..
Puis tentant de reprendre sa contenance de banquier, il répond d'une voix pas trop hésitante et appuyant sur certaines voyelles comme ses amis liégeois : "Mais bien sur mon bon."
Puis il sort son briquet pour allumer la cigarette ..
Au merci de l'homme, Claude Georges répond un "s'il vous plait" comme il est de coutume ici..
Puis une fois que le véhicule arrive près de lui , Claude georges l'arrête et dit au revoir à l'autre homme..
Puis se retournant il dit Au chauffeur du fiacre "Bonjour, j'aimerais aller à l'hôtel le plus proche s'il vous plait.."

Le sergent de Ville s’éloigne. Le jeune banquier entend le sifflotement de plus en plus faiblement puis plus du tout. Claude George est désormais seul sur ce parvis désert et battu par le vent. Seul luit dans l’obscurité le bout rougeoyant de la cigarette de l’inconnu qui se tient à deux pas de Claude Georges.

Le cochet répond d’un grognement à Claude Georges. Il lui fait rapidement signe de monter dans le véhicule. Au moment où Claude Georges s’apprête à monter dans le véhicule il sent le souffle chaud chargé de mauvais vin et l’eau de Cologne bon marché de l’inconnu. Celui si tente de le pousser violemment dans le véhicule.

« grimpe dedans et pas un mots » lui lance—il d’un ton inamical.

Sachant fort bien qu'il vaut mieux éviter la Bagarre lorsqu'on le peut , et se doutant qu'il s'est fait avoir comme un pauvre bourgeois qu'il est confronté à la réalité de la vie de la rue, Claude Georges, monte à bord du Fiacre sans mot dire.
Il baisse le front et se retient de pleurer tant il a honte de s'être fait prendre ainsi.
Mais très vite, il se reprend pour demander d'une voix claire et audible: "Où comptez vous m'amener monsieur?"