Où apparaît Elise de Réauville.

Avec un soupir, Elise répond :

« L'on m'a parlé d'un monde où la "raison d'état" est tout et où les principes, les idéaux et l'honneur n'ont plus cours... Un monde où les hussards n'auront plus leur place, si nous nous laissons faire.
Mais rejoignons Jean et le colonel... Je vous suis au salon, père. »

Fadaises que tout cela, on aura toujours besoin de soldats fougueux et audacieux, même si face aux nouvelles techniques de prussienne nous sommes condamner à nous adapter si nous ne voulons pas disparaître. La question est comment le faire sans forfaire à l’honneur et à la dignité, je dois vous dire pour l’instant je n’ai pas de réponse. Mais laissons là ces discutions stratégiques, passons aux salon.

Le colonel et Jean attendent dans le salon. A priori les chevaux devant la maison étaient les leurs. Cinq coups sonnent à l’horloge. La nuit commence à tomber sur cette sinistre journée.

Jean accueille Elise à bras ouvert : « Ha que je suis heureux de te retrouver, dois je allez voire Pont Joubert pour que son sang lave l’affront que sa perfidie jette sur notre nom ? »

Le colonel est plus sobre, mais il semble lui aussi soulagé de voir Elise reparaître libre devant lui. « Lieutenant, je partage la joie de votre frère, ils vous donc relâché ? Vous allez donc pouvoir vous joindre à nous pour gagner notre nouvelle affectation. Le régiment est transféré à Mulhouse. »

« Malheureusement non, mon colonel. La situation est beaucoup plus complexe qu'il n'y paraissait au premier abord... »

(Elise raconte à son frère et au colonel les événements de Vincenne, brûlant d'une colère mal contenue.)

« La seule chose que j'ai pu apprendre sur les organisateurs de cette mascarade, c'est qu'elle implique un homme dont la voix m'est familière, avec un fort accent gascon, que j'ai sans doute rencontré à l'école militaire... Une personne prénommée Eglantine... Un homme en civil, dont je n'ai aperçu que le dos, et qui a des cheveux blancs. Et Charles de Vassy, l'un de mes condisciples de l'école militaire, qui apparemment n'a pas été chassé de l'armée pour dettes comme tout le monde le croit, et qui a le grade de capitaine. Il a protégé la fuite de ses chefs, quand ceux-ci se sont rendus compte que j'allais les découvrir...
Quand je pense que c'est l'héritier d'une longue lignée chevaleresque qui m'a presque ordonné d'oublier l'honneur et les principes qui sous-tendent notre vie de soldat ! »

Elise commence à faire les cent pas dans le salon, furieuse.

« En tout cas, même si j'ai pris la "liberté" de quitter la cour martiale pour vous prévenir avant qu'on ne me mette aux arrêts pour me faire taire, je n'ai pas l'intention de m'enfuir. Ce serait l'aveu de culpabilité dont ces intriguants rêvent. Et je n'ai pas non plus l'intention de me laisser prendre sans me défendre, et sans me faire entendre ! »

Jean et son père sont révoltés par les propos rapporté par Elise. Le colonel est plus songeur ou tout du moins expressif. A la fin de l’exposé il prend la parole.

Je pense que votre attitude à été conforme aux valeurs de notre corps, mais quelques précautions méritent d’être prise. Capitaine filez à la caserne, assurez vous que le lieutenant colonel veille bien au bon déroulement des opérations concernant notre transfert. Vous en profiterez pour choisir une dizaine d’hommes que vous jugerez sure et discret. Puis vous reviendrez ici sécuriser discrètement les alentours. J’insiste sur le discrètement inutile de se mettre en état de rébellion mais je souhaite assurer nos arrières. Et surtout pas un mot à quiconque !

Une fois ces ordres reçus Jean, salut l’assemblée et part exécuter ses ordres.

« Elise je crois que vous avez été entraîné dans une histoire dont moi-même je n’arrive pas à en mesurer l’ampleur. Je préfère donc être prudent. La suite de notre conversation doit rester secrète pour l’instant.

En entendant cela Antoine - Auguste de Réauville s’éloigne discrètement et s’apprête à quitter la pièce.

Non rester mon ami, je pense que nous aurons aussi besoin de vos sages conseils et de votre expérience. C’est votre description des intrigants qui m’a mis la puce à l’oreille. Je ne connais personne qui se nomme Eglantine, peut être un agent de nos services de renseignement, par contre je connais un général avec un fort accent Gascon et que vous avez connu à l’école militaire, il s’agit ou plutôt il s’agissait de son commandant qui est maintenant le conseillé militaire du ministre des sciences.

A ces mots Elise à une illumination, la voix de l’inconnu et du comandant de l’école concorde. Il pourrait bien s’agir du même homme. Le colonel poursuit son explication :

Les civils aux cheveux blanc sont nombreux mais si le conseilleur est là pourquoi pas le conseillé, notre ministre des sciences à les cheveux blancs.…

Il marque un temps d’arrêt, il parle très doucement et très lentement en pesant chacun de ses mots. Il semble partagé, mais pour l’instant Elise sent qu’il agit avec prudence et mesure.

Par contre le retour de Charles de Vassy est une surprise mais son attitude ne m’étonne guère. Il a en effet été chassé de l’armée mais les dettes de jeux n’ont été qu’un prétexte, les causes réels me sont cependant inconnues.

Un peu perdue, Elise demande aux trois hommes en qui elle a toute confiance :

Que dois-je faire, maintenant ? Ne voulant pas vous compromettre, père, je songeais, après vous avoir prévenu, me rendre à mon cercle militaire, pour attendre la suite des événements au milieu de mes camarades de promotion... (Elise a un petit sourire) Je me disais qu'une arrestation en ce lieu serait difficile... ou du moins mouvementée, et ne permettrait pas aux comploteurs d'étouffer l'affaire. D'autant plus que je n'ai pas l'intention de me laisser prendre mon sabre sans l'avoir utilisé... Mais peut-être avez-vous une meilleure idée ?
J'avoue que je ne vois pas d'issue à cette situation, en l'état des choses...

(Elise a un petit frisson qu'elle tente de masquer, car la seule solution qu'elle entrevoit pour le moment, c'est de se faire tuer en résistant à son arrestation... Et elle ne voudrait pas que son père et son frère s'en rendent compte)

Ma fille je pense que vous êtes ici en sécurité, ils n’oseront pas venir vous arrêtez sous mon toi, de plus votre frère va venir avec des renforts. Mon hôtel est à mon avis pour l’instant le lieu le plus sur.

Le colonel, les mains derrière le dos tourne dans le salon, il semble de plus en plus préoccupé : Je partage l’avis de votre père, vous êtes pris au milieu des intrigues de l’état de major, ces ronds de cuir sont un véritable nid à embrouille, mais ils n’oseront pas vous attaquer franchement.

Il reprend sa déambulation quelques instant puis se fixe face à Elise :

Le ministre de la science a décidé de réformer la cavalerie et son emploi. Pour l’instant les automotives ne sont pas encore assez mobiles pour remplacer en permanence le cheval mais elles risquent de le devenir. Au sein de l’Etat major trois partis s’affrontent. Les technologistes souhaitent notre disparition pure et simple et ainsi nous ravaler au simple rang de corps d’opérette ou de parade. Ils s’opposent aux conservateurs qui refusent cet état des choses ainsi que tout changement. Au milieu quelques camarades et moi-même sommes d’accord pour une évolution, mais pas à n’importe quels prix. Le ministre n’a pas encore rendu sa décision. Mais je sais qu’il a plusieurs projets en cours.

Maintenant ont-ils pris leur décision ? Quel rôle vous réserve-t-il ? Je ne sais pas, qu’ils vous aient choisi ne m’étonne guère vous êtes un officier prometteur, ce que je ne comprends pas c’est le rôle de Charles de Vassy et les raisons qui les motivent à vous chasser de l’armée…

Pour l’instant lieutenant vous comprendrai que je ne puis faire plus que de mettre quelques hommes sure à votre dispositions pour assurer votre protection et vous prodiguer ces quelques conseilles. Quand à vous n’oubliez pas les principes de notre corps. Quand on ne trouve pas d’issue on en crée.

Antoine Auguste de Réauville reprend la parole : Je vois que l’état major change mais n’évolue pas, ma fille ce ne pas le père qui vous parle car lui ne vous donnerait que des conseilles contraire à l’honneur mais propre à la survie, c’est le colonel de hussard, le vétéran qui s’adresse à vous. N’oubliez pas que la meilleure défense reste l’attaque. Je vous conseil de trouver ces tordus.

Puis à voix très basse, de manière presque imperceptible : mais surtout prenez garde à vous …

Elise sourit largement en entendant le conseil du colonel.

« Mon colonel, je crains d'avoir déjà appliqué votre conseil sur le fait de créer des issues... Une fenêtre du fort de Vincennes a fait les frais de cette démonstration.
Quant à trouver ces manipulateurs... A moins de faire parler Charles de Vassy, et je doute fort qu'il se laisse convaincre, je ne sais trop comment faire...
Je vais suivre vos conseils, et pour l'instant attendre ici, en attendant Jean et nos amis hussards... »

La réponse d’Elise tira un petit sourire amusé au colonel et un regard plein d’admiration de la part de son père. Le colonel était maintenant parfaitement détendu. La perspective d’une action prochaine semblait le mettre dans un certain état de plénitude. Il s’adresse de nouveau à Elise.

« Connaissez vous la légende de l’Hydre de Lerne ? Cette créature monstrueuse dont les têtes repoussaient après avoir été coupée. Et bien ce qui vous arrive me fait pensez à cette légende. Nous avons quatre têtes : la mystérieuse Eglantine, L’ancien commandant de votre Ecole, peut être le ministre des sciences et Charles de Vassy. Ce dernier est un maillon important mais est il véritablement la tête ? Je vous conseillerai de vous en prendre à la tête pensante le ministre ou son conseiller. De plus leurs lieux de résidence sont connus. »

Elise pâlit un peu...

« Aller trouver le ministre de la science chez lui ??? (Après une demi-seconde de réflexion "à la hussarde", et avec un large sourire) Et après tout, pourquoi pas ? »

La stupéfaction première d’Elise amuse les deux vieux guerriers. Sa résolution leur fit apparaître un large sourire. Son père prend la parole.

- Cela me rappel quand le Général Marbot, le brave homme, commandait encore sont régiment de hussard à la veille de la bataille de Leipzig, lui et ses officiers ont envahie l’état major de la Division et forcé le général Exelman à se battre en duel contre le sous lieutenant que ce général avait injustement insulté.

- Je me souviens on m’avait déjà raconté cette histoire répondit le colonel.

- Oui mais le plus drôle c’est qu’après cet épisode chaque fois que le général passait à hauteur du bivouac du régiment il prenait une volé de plomb si il ne répondait pas prestement au mot d’ordre.

Les deux hommes se mettent alors à rire comme deux collégiens qui viennent de commettre un mauvais coup. Ils poursuivent la soirée en se racontant des souvenirs de campagne. Ces joyeux souvenir sont émaillés par le récit de différents actes que certains qualifient d’insubordination. Pour les Hussards ce ne sont que d’habile coup de main ou une manifestation de leur sens du devoir. De temps l’un se tourne vers Elise en lui demandant avec un grand sourire de ne surtout pas écouter, puis ils se mettent à parler plus fort.

Ces glorieux souvenirs sont interrompus par le retour de Jean. Il vient rendre compte au colonel de l’exécution de ses ordres.

Elise se lève promptement dès le retour de son frère, autant par impatience que pour dissiper la légère somnolence où les émotions de la journée, et les souvenirs égrénés par les deux "anciens", l'avait plongée...

Jean entre dans le salon, il reprend rapidement son souffle.

« Mon colonel, Père, Elise tout c’est bien passé. Mon colonel le régiment est prêt à faire mouvement demain à l’aube. Les alentour de la maison sont calme, aucun mouvement de troupe ou de police n’est a signalé. J’ai disposé quelques guetteurs aux alentours. Le reste de la troupe est dissimulée à proximité. Elise apparemment aucun avis de recherche te concernant ne nous a été notifié. Avez vous un plan ? »

Elise s'empare du journal qui repose sur un guéridon...

« Et si nous allions rendre une petite visite de courtoisie au ministre de la science ? Peut-être que le Moniteur Universel nous donnera une indication sur l'occupation de sa soirée ? S'il n'est pas attendu à la première d'une pièce de théâtre ou à l'opéra, peut-être est-il tout simplement dans sa demeure ?»

Une rapide lecture du journal apprend à Elise que jusqu’au bal du Maréchal le ministre n’a aucune sortie officielle de prévue. Actuellement il est à Paris, dans son ministère où il travaille durement, car ses attributions ont encore été étendues. Elle trouve un petit article qui explique que le ministre regrette que les journées ne fassent que 24 heures tellement il est occupé à penser, prévoir et organiser la modernisation de l’Etat. Ces jours ci il travaille comme un forçat, ne quittant son ministère que pour les rencontres officielles. A ce propos suit une rapide présentation de son appartement de fonction attenant à son bureau.

A la suite de sa lecture son Colonel prend congé : « il est temps pour moi de regagner ma troupe, Lieutenant j’espère que vous avez tout ce dont vous avez besoin pour votre entreprise, les quelques hommes que votre frères à rassembler son sure. Vous pouvez compter sur moi pour intervenir en votre faveur en cas de problèmes. Cela pourra peut être vous aidez si vous souhaitez faire une entrée en douceur. "

En disant cela il sort de sa sacoches une feuille à l’en tête du régiment et écris les mots suivant : l’officier porteur de cette lettre est chargé de remettre ma part au cabinet du ministre des documents.

Elise reprend la pelisse qu'elle avait déposée sur l'un des larges fauteuils du salon, la jette sur son épaule, et place la lettre du colonel dans sa sabretache. Puis elle s'adresse à son frère.

« Et bien, Jean, que dirais-tu d'aller nous promener du côté du ministère de la science ? Mais auparavant, j'aimerai faire un petit détour par le relais de poste de la Porte d'Orléans, pour récupérer aux écuries une excellente monture que l'on m'a confiée à Vincennes. Zéphyr est un cheval de caractère, et je m'en voudrais de le laisser se morfondre dans une stalle de la Poste. »

« Avec plaisir, nous allons leur montrer que l’on ne s’en prend pas impunément à un hussard d’autant plus quand c’est un de Réauville. Je vais demander un ou deux de nos amis de nous accompagner, il me semble qu’un trop grand nombre pourrais nuire à notre entreprise. Par contre je vais en envoyer quelques un en éclaireur aux relais de poste. On ne sait jamais, et cela peut nous éviter de mauvaise surprise »

Sur ces mots Jean vérifie son arment et son équipement puis il se tient prêt à accompagner sa sœur.

Antoine Auguste de Réauville revient vêtu de son uniforme de colonel de hussard. Il prend tour à tour ses deux enfants dans ses bras : « Mes enfants je vous souhaites bonne chance pour la réussite de l’entreprise qui nous attend. Et bien ne perdons pas de temps mettons nous en route. »

Sa voix insiste particulièrement sur le nous.

Elise marque un temps d'arrêt, stupéfaite par l'arrivée de son père en uniforme...

« Père ? Vous pensez vraiment vous joindre à nous ? »

Jean partage la stupéfaction de sa sœur. L’interrogation d’Elise sembla prendre de court le vieux guerrier. Il marque un léger temps d’hésitation avant de répondre plein d’entrain.

« Naturellement vous ne pensez pas que je vais laisser ces comploteurs salir impunément le nom de Réauville. En tant Pater familias ma place est à vos cotés mes enfants.

Encore un peu interloquée, Elise regarde son frère et tente de lui faire comprendre du regard que la présence de leur père risque de provoquer des complications...

« Et si la situation devient un peu... mouvementée ? »

Et bien justement un sabre de plus de ne sera pas de trop ! Répond sans hésiter l’ancien hussard.

Jean ne lui laisse pas terminer sa phrase. D’un clin d’œil il fait comprendre à Elise qu’il s’occupe de gérer la fierté paternelle : Père, nous n’avons nullement l’intention de vous tenir éloigner de ses évènements qui touchent notre famille, mais justement si cela tourne mal qui couvrira notre retraite. Nous avons besoin de vous pour assure nos arrières. Vous nous avez toujours dit de ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier. Et bien là il ne serait pas prudent que les tous les 3 nous partions en même temps au devant du danger. Votre place et ici afin de pouvoir organiser les secours en cas de problème …

Antoine Auguste de Réauville, grommela quelques mots de dépits, puis devant l’insistance de ces deux enfants il se rendit aux arguments de Jean : Très bien, je vous attends ici, mais si vous n’êtes pas de retour à l’aube je viens vous cherchez…

Jean lui répondit par un grand sourire et entraîne sa sœur vers la sortie avant que leur père ne change une nouvelle foi d’avis.

Elise envoie un clin d'oeil à Jean, et s'empresse de rejoindre la cour où les attendent les quelques hussards qui doivent les accompagner. Une fois dehors, elle ajoute :

« En selle ! Ne laissons pas le temps à père de changer d'avis...»

[Au programme : passer rapidement par la porte d'Orléans pour récupérer Zéphyr au relais de poste, puis se rendre au ministère de la science.]

Elise et son frère se rendent sans ennuis au relais de poste de poste de la porte d’Orléans.

Le hussard envoyé en éclaireur revient rapidement pour signaler que la voie semble libre et qu’il ne se passe rien de suspect dans le bâtiment. A part les habitués et des voyageurs aucune présence ne semble suspecte. L’éclaireur signale quand même la présence de trois soldats. Mais d’après lui ce ne sont que des « lignards » qui attendent l’heure d’aller monter la garde au poste à l’entrée de la ville.

Un second hussard partie lui observé ce poste de garde ne signale aucun mouvement suspect. Les gardes ne montrent aucun signe de zèle excessif. Ils ne semblent pas avoir reçu de consignes particulières.

L’obscurité qui est maintenant complète n’est troublée que par la pale lumière de quelques lanternes. Les rues sont désertes.

Elise lance à Jean, « Je n'en ai pas pour longtemps » et se dirige directement vers l'écurie du relais de Poste...

Mis à part le palefrenier en charge de l’écurie il ni y a personne. Elise peut apercevoir son cheval. Ce dernier est dessellé. Le palefrenier est entrain de le bouchonner.